1h07

Moi, Simon, je suis à un tournant… Il est minuit et 18.

J’ai passé la soirée à virevolter entre les idées de projets sur le web… Ça fait 15 ans que ça dure.

J’ai commencé à me passionner pour les projets lorsque j’avais tout juste 12 ans. Je ne sais pas trop pourquoi tout ça a commencé d’ailleurs…

Si je veux m’amuser à faire de la psychologie de comptoir, je pourrais me demander : est-ce parce que j’ai passé mon primaire à me faire écœurer, dévisager et intimider par la moitié de mon école ? Je sais, vous pensez sûrement que j’exagère. J’ai toujours eu de la difficulté à exprimer clairement ma souffrance, ma détresse et ma tristesse. C’est ce que j’essaye de faire avec cette lettre. Mais je crains bien de ne pas réussir à lui donner toute la puissance de mon mal-être.

Bon, reprenons. Pourquoi je me faisais malmener par la moitié de mon école ? Je faisais des crises énormes… à tel point que parfois il y avait six intervenantes sur moi… Je faisais des crises presque chaque jour… Pourquoi, me demanderez-vous ? Alors là… Je ne savais pas pourquoi. Mes parents non plus. Et la flopée de professionnels… ben, c’est complexe. Mais il y a certaines choses dont je suis sûr : la faute était souvent mise sur moi… alors que je ne savais même pas pourquoi j’explosais. Avec le temps, je peux supposer que je ne savais pas comment gérer mes émotions.

Je n’avais aucun ami. Les seuls amis que j’ai eus étaient des amis virtuels.

Le premier appel d’un ami, je l’ai eu à 13 ans. J’ai fini l’appel en lui disant « je t’aime ».

Pas parce que j’étais amoureux de lui mais parce que je n’avais parlé qu’à mes parents au téléphone jusque-là… alors c’était purement un automatisme.

À 12-13 ans, je me passionnais déjà pour l’entrepreneuriat et la bourse. Je souhaitais devenir riche et célèbre.

Déjà à cet âge-là, je voulais laisser ma marque et ne pas suivre une voie toute tracée.

Ça peut paraître mignon à cet âge-là mais ça s’est transformé en véritable obsession bien des années plus tard.

Aujourd’hui, en 2024, à 28 ans, j’ai une peur bleue de mourir et que personne ne se souvienne de moi. Ou simplement de mourir, ça aussi ça fait peur malgré mon jeune âge.

Il est présentement minuit et 51. Je ne peux pas continuer à virevolter de projet en projet… J’ai eu quelques succès mais je n’ai jamais été satisfait.

Mais en même temps, j’ai une peur bleue d’avoir une vie ordinaire. Une vie pépère.

Certaines personnes m’ont dit : « le sens et le but de la vie est de se lever heureux chaque matin » ou bien « d’avoir un travail qu’on aime »…

Ça sonne creux pour moi. À quoi tout ça sert, si finalement tout peut s’arrêter du jour au lendemain ?

En même temps, il n’y a pas de réponses parfaites à mes interrogations lunaires. Pourtant, j’aimerais bien, mais non…

Je n’ai pas 20 millions de solutions : avoir une vie pépère ou continuer à être malheureux.

Mais je sais très bien que je ne suis pas capable de changer cet aspect de moi. Même si je m’interroge souvent, les projets web sont ancrés en moi. Je vais avoir une nouvelle idée demain matin et une autre dans trois jours.

Simon, 1h07 du matin.